Paraboles de Shambhala by Zinovya Dushkova

Auteur:Zinovya Dushkova
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Zinovya Dushkova
Publié: 2022-12-24T00:00:00+00:00

Parabole IX

Le Saint et le mendiant

Une fois, un pèlerin qui traversait une forêt, a perdu son chemin et s’est égaré. Où aller ? La nuit commence à tomber, le privant ainsi de tout espoir de trouver dans le noir un repère, même un tout petit, qui lui indiquerait la direction voulue. Les arbres sont muets, leurs feuilles sont immobiles. Le pèlerin entend seulement quelques bruits que produisent les habitants de la forêt. Il entend une branche qui craque pas loin, et il se rétracte de peur. Oui, la forêt abrite beaucoup de dangers, surtout la nuit. Le noir devient souvent le meilleur allié de ceux qui guettent leur proie habituelle. Pourquoi alors ce pèlerin, avait-il emprunté le sentier dans une forêt ? Seul, sans aucun guide, comment pouvait-il être sûr que le chemin le plus court l’amènerait vers son objectif, et que ce chemin aurait raccourci son chemin de tous les jours. C’est qu’il empruntait trop souvent des chemins qui contournaient ses objectifs : il a ainsi perdu des années pour une marche dénuée de sens par des voies sinueuses et des dizaines de souliers ont été usés sur ces interminables chemins. C’est pour cela qu’il avait enfin décidé de ne plus prendre ces chemins et d’aller droit à son but. Et alors ? Il s’arrête, confus, au milieu de l’épaisse forêt, il est entouré d’ombres nocturnes et de bruits qui s’approchent et menacent.

Où allait-il, ce pauvre pèlerin ? Quel était donc ce but pour lequel il a décidé de choisir un bout de chemin si dangereux ? Pourquoi ce but l’attirait tant, pourquoi ne voulait-il pas perdre un seul instant et se précipitait-il dans la direction qui y menait ? Son objectif était le Bonheur. Il l’a cherché pendant toute sa vie, mais les années devenaient des décennies, elles s’éclipsaient, sans le rapprocher de son objectif voulu. Mais le pèlerin croyait ferme que quelque part, son bonheur l’attend, qu’il faut juste y aller, en ayant trouvé le bon chemin. Sinon, pourquoi est-il venu au monde ? Sûrement pas pour dépenser sa vie en quête infructueuse de vains objectifs ! Le pèlerin croyait ferme que l’homme est né pour être heureux, que sans le bonheur, la vie n’a pas de sens. Que seul le bonheur peut lui apporter le sentiment de plénitude et que sans ce sentiment, il est tout simplement appauvri ! Ainsi, semblable à un mendiant, il arpentait son chemin de vie. Et, s’approchant pour la énième fois d’un petit feu qui brillait de manière salvatrice au loin, il espérait tomber dans les bras de celui qui serait ravi de le voir, comme un invité attendu depuis un long moment. Peut-être que cette longue attente constituait réellement son bonheur, témoignant en quelque sorte que son objectif est là. Mais hélas !... On ne le laissait même pas traverser le seuil, et il n’avait que des miettes dans le creux de sa main tendue... Ainsi il avançait dans sa vie, se contentant des miettes des autres, et son sac de voyage était toujours aussi vide, car il n’a toujours pas rencontré son bonheur.

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